Déception
Depuis 18 mois, Aurore avait un grand projet : faire sa rentrée scolaire au Canada (dans la région de Toronto) et y passer presque trois mois, seule dans la famille et le collège de sa correspondante, avant que nous ne recevions cette correspondant en février-mars de l'année suivante. Pour la rentrée de quatrième, c'était un peu tard car nous n'avions pas eu connaissance du programme assez tôt, nous avons donc su dès le mois de mars qu'Aurore ne partirait pas, mais l'organisme nous avait assuré qu'Aurore serait prioritaire pour la rentrée 2016. Tous nos projets ont donc été basés sur ce départ probable, entre le 11 et le 15 août : prendre l'avis de l'orthodontiste, la dentiste et l'endocrinologue pour passer ces trois mois sans rendez-vous ni examen, prévenir le professeur d'alto, voir avec la banque la solution la moins onéreuse et la moins risquée pour pouvoir payer à l'étranger (une seconde carte bancaire sur le compte de Paul — ou de Marie depuis qu'elle est majeure : une sacrée preuve de confiance des aînés dans leur petite sœur), offrir un téléphone à la demoiselle, et, accessoirement, ne rien prévoir pour nos vacances d'été.
Les dossiers ont été remplis laborieusement : extraits de casier judiciaire, photos de l'intérieur et l'extérieur de la maison, description des caractères des membres de la famille, heures autorisées pour les sorties, temps passé devant les écrans, à faire du sport, à travailler, mode de vie… tout sauf la religion, ce qui m'a beaucoup étonnée. Et rupture de stock des timbres européens dans les bureaux de poste du coin juste au moment d'envoyer le dossier. Des réunions ont été programmées, puis annulées sans prévenir (bon, celle du 14 novembre, on s'en doutait un peu). J'ai dû apprendre à faire un virement international. Le collège a donné son accord et nous a expliqué les aménagements mis en place : remise des manuels scolaires en avance, rattrapage des cours manqués pendant les vacances de la Toussaint, allégement de l'emploi du temps pour la correspondante (les jeunes étrangers hallucinent en voyant les horaires charchés de nos collégiens).
La semaine dernière, la tension montait : le résultat du "matching" consistant à attribuer à chaque inscrit canadien un correspondant français d'âge, de gout et de mode de vie similaires était prévu fin avril. Aurore avait listé les "pour" (vivre une belle aventure, prendre l'avion, voir les chutes du Niagara, découvrir un autre système scolaire, parler anglais presque couramment) et les "contre" (quitter sa famille pour une longue durée, ne pas faire un trimestre complet au collège et risquer de ne pas avoir les félicitations — quand je dis qu'elle se met la pression ! — manquer une partie des cours d'alto l'année de l'examen de fin de cycle, ne pas faire sa rentrée aux pionniers). Vendredi, la réponse de l'OSEF est arrivée : négative. Les attentats ont dû faire chuter considérablement le nombre, déjà insuffisant, d'inscriptions canadiennes par rapport aux demandes françaises et belges.
Nous ne reporterons pas l'inscription, cette fois, d'abord parce que manquer la rentrée au lycée nous semble trop compliqué : un nouvel établissement, dans une autre ville, un emploi du temps différent de celui du collège, de nouvelles matières… et puis nous ne savons pas du tout où elle ira, donc comment demander par avance l'accord du chef d'établissement ? Comment savoir si ce programme est vu d'une manière favorable ou pas ? (pour le collège, nous n'avions aucun doute : c'est le principal qui nous l'a présenté. Mais vu comme nous avons été reçus par le lycée où devait avoir lieu l'une des réunions, tous ne voient pas cet échange d'un œil bienveillant). Et puis repasser par les mêmes incertitudes, espérer (mais sans trop y croire) pendant 7 mois une fois de plus…
Alors maintenant, je lance un appel : auriez-vous une piste, hors séjours linguistiques, pour que la demoiselle puisse partir en Angleterre ou en Irlande ? Vivez-vous dans l'un de ces pays ? Connaissez-vous une famille ayant une fille de 14 ans prête à réaliser un échange sur les vacances scolaires ? Ou un organisme fiable qui favorise ce type d'échanges ? L'idée serait d'aller la conduire là-bas, par exemple aux vacances d'automne, puis de recevoir la correspondante et sa famille plus tard et de renouveler cet échange à plusieurs reprises.