Cette fois, je n'ai pas utilisé de moustiquaire ! En juin dernier, après une pause de plusieurs semaines due au lumbago de mon professeur (pile en même temps que la phase aigüe de ma tendinite, si ce n'est pas de la coordination exemplaire…), je suis allée à mon dernier cours de viole de l'année, assuré par une charmante jeune femme. Et lorsque j'ai sorti mon archet, j'ai constaté que des hôtes indésirables s'étaient installés dans mon étui : des mites. Comment l'ai-je su ? Plusieurs crins étaient coupés au niveau de la hausse. Un crin ou deux qui casse, ça arrive, mais quatre ou cinq, ce n'est pas normal. De plus, j'ai vu une larve juste à cet endroit.
J'ai noté l'adresse de deux archetiers (la mienne est près d'Avignon, c'est un peu loin…), acheté un anti-mites bien chimique, sorti tous les étuis d'instruments dans le jardin, protégé le bois des archets et bombé abondamment l'intérieur des étuis et les mèches de crins des 5 archets de la maison. Au passage, j'ai trouvé l'ancien archet cassé de Marie en sale état, les mites l'avaient probablement attaqué en premier. J'ai coupé les crins et gardé seulement la jolie hausse qui a de beaux ornements de nacre.
J'ai appelé l'archetier parisien sans succès, je lui ai laissé deux messages sans réponse, l'autre est à une heure de voiture, j'ai temporisé, après tout, j'avais encore assez de crins pour jouer, même si un rémêchage au bout de 15 ans n'est pas superflu.
Fin de l'acte I.
Début janvier, après une pause de trois semaines due aux vacances…
Les bestioles ont survécu et se sont multipliées !
Cette fois, j'ai réussi à avoir l'archetier au téléphone et pris rendez-vous pour le premier mercredi où j'étais disponible. Je devais aller à Paris pour divers achats, j'ai donc faire d'une pierre deux cinq coups : trouver des chaussures, passer au supermarché asiatique, au marché St Pierre et dans une pharmacie pour des vitamines prescrites par ma dermato (assez difficiles à trouver).
L'archetier habite les hauts de Belleville, j'avais rapidement acheté mes chaussures et j'ai décidé de passer tout de suite chez Paris Store, au sortir du métro, j'ai eu du mal à repérer les produits dans le magasin et j'avais juste sous-estimé le dénivelé. Je suis donc arrivée un peu en retard et toute essoufflée au troisième étage de ce vieil immeuble, avec une vue superbe sur Ménilmontant.
J'ai pu laisser sur place mes achats, en plus de mon archet, j'ai redescendu la rue de Belleville et j'ai eu de la chance : en montant, j'avais vu deux personnes à moitié costumées, je suis repassée au moment du combat (pas très facile à photographier, le trottoir était étroit, des véhicules stationnés devant les danseurs et la rue assez passante). Vu le niveau de ma batterie, je ne me suis pas risquée à filmer, mais il y avait aussi des tambours et cymbales, c'était impressionnant.
J'ai repris le métro vers le Marché St Pierre, j'ai trouvé une partie de ce que je voulais, dont de la maille polo, je suis revenue à Belleville et là, je n'avais plus que 1% de batterie ! J'ai retrouvé toute seule la rue de l'archetier et me suis souvenue du code de la porte, j'ai récupéré mon archet et mes paquets, je suis redescendue au métro, je suis passée à la pharmacie (3 étages bondés de clients, de la folie), j'ai sauté dans un bus pour aller chez Aromazone prendre des huiles essentielles anti-mites (cèdre et laurier), j'ai repris le métro, le train, fait une petite course avant de rentrer à la maison m'écrouler devant une tasse de thé !
Fin de l'acte II
Dénouement : pour éviter toute nouvelle contamination, j'ai bien aspiré l'intérieur des housses et des boîtes d'instruments (conseil de l'archetier), mais surtout j'ai cousu pour chaque archet une housse individuelle, sur laquelle j'ai déposé une douzaine de gouttes d'huiles essentielles avant d'y glisser chaque archet. Et comme Aurore avait égaré la petite couverture qui protège son alto, j'en ai profité pour lui en coudre une nouvelle : à chaque fois qu'elle transportait son instrument, l'archet venait légèrement heurter l'alto dont le vernis a quelques rayures.
Mon ancien violon :
Mon archet de viole a eu droit à de la soie !