C'est ce qu'avait dit le livreur de notre canapé, il y a 18 ans, après avoir monté les cinq étages en soufflant et jurant. Eh bien j'ai vécu l'un de ces jours hier.

Pourtant, ça commençait bien, c'était le printemps et le soleil compensait largement les heures de sommeil volées par une douloureuse rage de dents (j'ai pris RV pour mardi prochain, il n'y avait pas urgence, la dent était juste sensible au froid mais depuis, la douleur a décuplé et est devenue presque permanente, avec de petits accalmies). En arrivant à la gare, je constate que c'est le bazar (une fois de plus) : un caténaire est tombé et un train de marchandises tombé en panne. Je regarde le panneau pour savoir où me diriger et me fais frapper à la cheville par une poussette. Je me dirige vers le quai, moitié boitant, moitié pleurant (ça fait mal quand ça tape dans l'os). Arrivée à Versailles, c'est le pied que je me fais écraser, dans la cohue des escaliers. J'atteins enfin mon bureau, m'arrête pour discuter deux minutes avec une collège et… floc, floc, la boîte de mon déjeuner fuit, la sauce me coule sur les pieds !
En fin d'après-midi, il restait un défi de taille à relever : c'était le dernier jour d'inscription sur APB ! Passons sur les crises familiales qui ont précédé, en découvrant que Paul était adepte à fond de la méthode Coué « Je ne me renseigne sur rien, je ne m'inscris nulle part, comme ça je suis sûr d'être pris en prépa dans mon lycée ». Après de vagues interrogations « Tu t'es renseigné sur les possibilités sur APB ? — Oui, oui, mais tu sais, j'ai encore beaucoup de temps » « Tu as vu la conseillère d'orientation ? — Oui, mais elle n'avait pas beaucoup de temps, je la revois la semaine prochaine » « Et alors, ce RV d'orientation ? — Ça va, elle m'a dit que j'avais encore du temps pour les dossiers de prépa et que les anciens élèves du lycée étaient pris en priorité », on est passé aux interrogations précises, puis à la panique quand j'ai su que : 1. APB, c'était maintenant. 2. Il n'avait en fait jamais vu la conseillère d'orientation. 3. Il ne serait pas pris en prépa sauf remontée spectaculaire de ses notes.
Rendez-vous pris pour lundi, résultat très décevant (évidemment, il n'a pas posé les questions essentielles, que je lui avais pourtant notées), premières inscriptions sur APB, épluchage de la liste des facs (bof, ça ne m'intéresse pas trop… ah mais là, il n'y a que 30 places…)
Et là, j'ai découvert avec émotion le soutien dont étaient capables mes copinautes ! Entre l'éducatrice qui m'a conseillée sur les bonnes fillières en université, la proviseure qui m'a guidée, quart d'heure par quart d'heure, sur les choix à faire, les points essentiels à ne pas oublier (bien s'incrire, pour chaque formation, en alternance et sans alternance, choisir au moins une licence), le parcours a été semé d'embuches : pas possible de s'inscrire à la licence qui l'intéresse sans faire d'abord un choix dans son académie d'origine, obligation de s'incrire au moins à six licences (pas facile à trouver à proximité et pas question de le laisser partir pour la fac, non, non, il lui faut encore un contrôle parental quotidien), lettre de motivation à saisir en ligne pour pouvoir valider l'inscription (heu, la lettre de motivation, à 21h30 au pied levé, je la sens moyen…), message inquiétant "une anomalie a été détectée, vous devez vous inscrire au moins à 6 licences"— mais c'est fait, voyons, que faut-il de plus ? Une licence sans limitation de places ? Mais on n'en trouve aucune, même en choisissant les domaines les plus farfelus ! L'ordinateur qui s'éteint en pleine action, faute de batterie (ouf, les inscriptions étaient validées). Les recherches de formations qui aboutissent à "il n'y a aucune formation avec les critères recherchés" juste parce qu'on n'a pas coché les cases dans le bon ordre ! Quel cauchemar ! Je dois juste me réjouir de ce que le site n'a pas planté, n'a pas été ralenti, malgré les milliers de retardataires de mon genre qui devaient y être connectés hier soir…

Alors les filles, un grand merci, vraiment, c'est grâce à vous que j'ai dormi cette nuit ! (grâce à la codéine, aussi, un peu — bon, j'ai bien rêvé de trucs bizarres, par exemple que je découvrais au matin qu'il était inscrit en mécanique ferroviaire). C'est grâce à vous que je me suis levée apaisée et en forme, malgré le temps tristounet !
Je ne me ferai pas avoir de nouveau, Marie sera inscrite sur APB le lendemain de l'ouverture du site, elle, tout comme nous avons commencé à nous renseigner sur les filières qui pourraient l'intéresser dès que ses notes ont flanché en 4e (ça, c'était pour avoir appris un 30 juin, tout à fait par hasard, que Paul n'était plus inscrit dans aucun lycée pour la seconde, et ce, le lendemain du jour où il a perdu sa carte d'identité dans la rue, en sortant du brevet, 3 jours avant de partir en séjour linguistique à Birmingham. Côté montagnes russes émotionnelles et poussées de stress, je suis bien servie, croyez-moi !)
Nouveau défi ce jour : aller acheter deux mangas parce que ma puce est invitée demain soir à une boum (Ouin, où est passé mon bébé ?) Pour elle, il y a eu quelques larmes quand j'ai coché "allemand" sur sa fiche-navette, parce qu'elle voulait bien faire de l'allemand, mais aucune fille de sa connaissance ne voulait en faire (Tu te rends compte, je vais me retrouver toute seule !), puis le sourire retrouvé le lendemain en trouvant deux autres candidates, puis la légère déception, après passage de la prof d'allemand *, en voyant que la moitié de la classe voulait changer son choix, parce que finalement, ça lui disait bien de se trouver dans un tout petit groupe pour les cours de langue. Elle va donc entamer sa future cinquième avec latin et allemand (je n'aimerais pas devoir faire les emplois du temps dans ce collège, car il y a en plus l'option classe-orchestre, malgré des effectifs très réduits)
* trop forte, elle a distribué des bonbons Haribo ; mais je ne m'inquiète pas, je connais assez la réaction prévisible des parents « mais l'allemand ça ne sert à rien, il faut voir la réalité : aujourd'hui il faut faire de l'espagnol »