La collègue de Marie cherchait une couturière pour deux petits travaux de retouche, la sienne ayant pris sa retraite. Mercredi, elle m'a apporté deux vêtements pour les deux choses que je déteste le plus : changer la fermeture d'un anorak et raccourcir une robe en voile, deux grands classiques !
Pour l'anorak, elle avait déjà consulté sa mercière, qui lui a annoncé qu'il serait impossible de retouver une fermeture à glissière identique et lui a vendu un curseur de rechange, qu'elle a installé en surplus des deux curseurs présents : pas très esthétique ni pratique, mais cela lui a permis de finir l'hiver, à condition de fermer tout doucement car le curseur "universel" n'était pas exactement de la bonne taille.

Après quelques examens, j'ai posé mon diagnostic : grâce à la seconde fermeture décorative (elle n'ouvre rien), je pouvais récupérer un curseur neuf. Plutôt que de remplacer la fermeture, une lourde intervention qui aurait des séquelles esthétiques, j'allais découdre le haut des deux fermetures pour extraire le curseur sain et tenter de le greffer de l'autre côté.

Une bonne demi-heure de découd-vite m'a permis de vérifier le bien-fondé du protocole : la greffe de curseur a pris !

J'ai ensuite émis des réserves sur la possibilité de remettre le curseur malade sur la fermeure décorative ; en principe, on insère un curseur sur le côté ouvert de la fermeture, or, comme il s'agit d'une fermeture séparable à double-curseur, cela m'était impossible. J'aurais pu refermer la plaie en laissant un seul curseur, mais j'ai tenté le tout pour le tout : j'ai retiré les trois premières mailles métalliques du haut, à l'aide d'une pince coupante, j'ai remonté au maximum le curseur du bas, puis j'ai inséré le curseur du haut sur le petit bout de ruban libre et j'ai tiré, en plaquant bien les deux curseurs l'un contre l'autre. Et après quelques minutes d'efforts infructueux et de jurons, le miracle a eu lieu : j'ai réussi à les descendre sur quelques centimètres !

Je n'avais plus qu'à refermer le zip grâce au curseur du bas (qui coulisse mal, parce que ce type de mailles accroche et qu'en raison du caractère décoratif de la fermeture, les mailles ne se placent pas bien) et faire des points de suture les plus discrets possibles à la main bien évidemment, sinon je pique à travers la doublure. Et prévenir la propriétaire de ne plus toucher à ce côté du manteau, car le curseur, bien que resserré à l'aide d'une pince, reste défectueux.
Enfin, même opération de l'autre côté. Au passage, j'ai identifié l'une des causes du problème : la doublure a tendance à se prendre dans la fermeture, ce qui oblige à forcer et finit inévitablement par déformer le curseur. Mais j'ai prolongé la durée de vie du manteau à moindre coût (2h d'intervention, pas mal non ?)


Restait la robe… et bien évidemment, le voile, un tissu fin qui glisse et se déforme, n'a jamais voulu rester dans le pied ourleur ! J'ai fini par employer cette méthode (j'avoue que j'ai passé la vidéo en accéléré : en gros, on coupe à 1,5 cm du bord fini souhaité, on replie 1 cm que l'on pique à 2 mm du bord à grands points, on recoupe à 3 mm de la couture, on replie et on pique l'ourlet définitif). Et j'ai confié les deux vêtements à Marie en me jurant de refuser, une prochaine fois (mais je suis faible…)