Vous connaissez certainement cette légende amérindienne : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
Il y a quelques incendies contre lesquels nous devons lutter : le réchauffement climatique, la pauvreté dans le monde (ou ici), les causes des migrations (famines et guerres). Nos moyens d'actions semblent tellement réduits, par rapport à ceux d'un état, d'une grande multinationale… mais si chacun faisait sa part, si seulement 10% faisaient leur part, le monde ne changerait-il pas ? Alors certes, ça ne m'empêche pas de râler contre l'inertie des pouvoirs publics, mais de plus en plus, nous essayons de pousser vers le changement. Pas tout d'un coup, non, ce serait intenable. On dit qu'il faut trois semaines pour prendre une nouvelle habitude : une nouvelle chose (ou deux) par mois, à tenir dans la durée et faire appliquer par toute la famille, ça me semble réaliste.
Faisons déjà le point sur ce qui a été fait, ce qui est en projet, ce qui a été tenté mais abandonné. Il y a un peu plus de deux ans, Anne avait relayé le travail de jeunes de BTS, qui donnait pas mal de pistes d'action. Je reprends une partie de leurs catégories :
1. Agir positivement
Faire sa part (on essaye), agir à son échelle (parce que les petites actions, si elles sont nombreuses, auront un effet), se lancer sans attendre (mais avec un minimum de réflexion). Je vois plusieurs domaines d'action à notre échelle : réduire sa consommation d'eau et d'énergie, polluer le moins possible, entretenir le lien social, préserver notre santé.
2. Protéger la faune et la flore :
Nous avons un nichoir à mésanges (qui n'a pas été occupé cette année, un effet du virus usutu ?), notre jardin est entièrement sans pesticides (à part quelques granulés contre les limaces, lorsqu'elles prolifèrent vraiment trop), il y a quelques coins en friche, Marie a installé un abreuvoir à abeilles tout l'été. En projet : un deuxième nichoir à oiseaux, ou à chauves-souris si j'en trouve un et un autre projet… bientôt en photo ici !
3. Communiquer, militer, intégrer des groupes :
Ça prend du temps : il y a notre groupe folk, c'est un loisir mais le bénéfice de nos bals est reversé à la banque alimentaire locale (sauf celui du téléthon). Le but est aussi de créer du lien social, et ça fonctionne !
Il y a les scouts, évidemment, dont les objectifs sont “Construire sa personnalité, Vivre ensemble, Co-éduquer garçons et filles dans le respect mutuel, Habiter autrement la planète”. Apprendre aux enfants que l'on peut se passer de sanitaires (du moins l'été), économiser l'eau (quand on doit transporter les jerricans de 20 litres sur 500 mères, on économise !), cuisiner sur le feu, dormir à la belle étoile ; aux adolescents à devenir plus autonomes dans leurs activités, prévoir les menus, trouver un lieu pour camper, préparer des activités ; aux plus grands à monter des A à Z un projet solidaire à l'étranger ; aux jeunes adultes à prendre en charge un groupe d'enfants (à 20, 22 ans, ce n'est pas forcément évident d'avoir de telles responsabilités) ; à tous, à se dévrouiller avce les moyens du bord dans n'importe quelle situation.
Il y a notre Amap : maintien d'une agriculture paysanne et biologique, avec coups de main sur le terrain si nécessaire, privilégier les circuits courts, les fruits et légumes, œufs, fromages ou viande non-emballés (ou le strict minimum).
La petite association paroissiale qui accompagne deux familles de migrants : loyer, mobilier, aide aux devoirs et aux démarches… la première famille, désormais autonome au bout de deux ans, va laisser place à une troisième.
Nous avons déjà participé aux marches pour le climat, au ressemblement des coquelicots chaque mois devant la mairie, mais ce sont des actions ponctuelles : je ne veux pas m'engager dans un autre groupe !
4. Réfléchir aux transports :
Pour nous, c'est assez facile : nous avons des bus, des trains, des pistes cyclables, des commerces pas loin. Je dois parfois me forcer pour prendre le vélo plutôt que la voiture… mais finalement, peu de personnes autour de nous font ces petits efforts !
5. Économiser l'eau et l'énergie :
Nous l'avons longtemps fait par souci d'économie tout-court, nous étions les plus petits consommateurs d'eau de notre immeuble (et de beaucoup), nos combles ont été isolées, les fenêtres changées, nous chauffons en partie la maison grâce à la cheminée à insert, nous avons deux petits collecteurs d'eau de pluie (550 litres en tout, ce n'est pas beaucoup), nous privilégions à chaque remplacement les appareils les plus économes possibles, mais il y a des points noirs : quelques appareils en veille (ceux qu'il faudrait re-régler à chaque fois) et le sèche-linge (pour l'instant, je ne suis pas prête à y renoncer, quel gain de temps !). Et je n'ai aucune idée de la part d'énergie revouvelable dans notre électricité. En dehors de l'eau et l'électricité, il y a éviter le gaspillage alimentaire, faire attention à la provenance des produits (à part les avocats et les bananes, j'évite d'acheter tout ce qui vient de l'étranger et surtout d'Espagne !), vider ses espaces de stockage internet : pour les messageries, je le fais à présent régulièrement, je refuse d'avoir un Cloud… il ne reste que ce blog en fait.
6. Gagner en autonomie :
Pour le potager, ce n'est pas gagné, je n'ai pas de grands résultats. L'élevage… je réfléchis à prendre deux poules (mais je me heurte à une forte opposition familiale)
- fait maison (cosmétiques, produits d'entretien) : cosmétique, non, nous en utilisons trop peu. Produits d'entretien : savon de Marseille et acide citrique me suffisent. Sinon, l'essentiel de notre alimentation est faite à la maison : pain, gâteaux, plats, confitures (j'ai arrêté les yaourts par lassitude).
Produire de l'électricité : comment ? Des voisins se sont vu refuser l'installation de panneaux solaires (zone classée).
7. Prendre sa santé en main :
- physique, émotionnelle, mentale, individuelle et collective : je ne vois pas trop… à part la prévention, une alimentation saine et variée, de l'exercive physique, pas de tabac.
- sport dans la nature : oui, quelle chance !
- éviter la sur médication : les antibiotiques, c'est pas automatique !
- faire plus de musique, de poésie, de méditation : on fait ce qu'on peut
8. Changer d'alimentation :
- produits locaux, bio, en fonction des saisons, favoriser les agricultures plus responsables : les fruits et légumes, fromages, poulets, farine de l'Amap, les fruits et légumes de la gare (producteur à 10 km), la viande d'une ferme proche. Les œus nous vinnent en partie de l'éleveur de poulets bio, mais aussi d'un éleveur (pas bio) qui passe tous les 15 jours dans le quartier, dépose les 195 œufs pondus du jour qui sont répartis entre 9 maisons et reprend les plateaux en carton de la quinzaine précédente.
- réduire la consommation de viande et de poisson : là, c'est Paul qui a donné une accélération au mouvement déjà entamé, en devenant végétarien (il mange du poisson).
9. Réduire ses déchets :
- nous constatons depuis longtemps que nous sortons des poubelles beaucoup moins pleines que celles des voisins et moins souvent. LE composteur nous a encore permis de réduire de moitié la poubelle "ordinaire". Nos changements d'approvisionnement ont réduit considérablement les emballages. Nous pratiquons le tri sélectif depuis qu'il est en place (lorsque nous sommes arrivés ici, nous avions fait machine arrière avant de retrouver des poubelles jaunes), jusqu'aux bouchons plastique, bouchons de liège, styles et autres instruments d'écriture, textiles, coquilles d'œufs (contre les limaces), coquilles de noix (pour la cheminée)… mais ça prend de la place !
- recycler, tri sélectif, réutilisation : je privilégie l'achat d'occaion (ou de re-conditionné) lorsque c'est possible, mais c'est rare. Je me suis heurtée aussi à la mauvaise fois de vendeurs ou des problèmes de transporteur qui m'ont un peu refroidie.
- refuser l'obsolescence programmée : oui mais… quand l'appareil que l'on a réparé à grands frais) retombe en panne 8 mois plus tard parce que la pièce changée a la même faiblesse que celle d'origine (notre imprimante Brother : j'étais vraiment très très fâchée contre eux !), quand le réparateur nous dit qu'il nous a mis la dernière pièce détachée disponible (lave-vaisselle), quand je ne trouve plus de joint pour ma cocotte-minute parce que ça fait 10 ans que Seb ne les fabrique plus, quand je renonce à réparer la machine à pain car après 18 vis enlevées, on ne trouve pas où se cache la 19e qui permettrait de l'ouvrir… il faut vaiment un effort de la part des fabricants ! On a quand même redonné un coup de jeune à notre ordinateur en changeant son disque dur par un autre plus grand et plus rapide, je répare beaucoup de vêtements et de sacs et je ferais volontiers réparer mes chaussures si ça ne coûtait pas plus cher que le prix du neuf.
- favoriser le vrac (pas évident, on en reparlera…), éviter le plastique, éviter les produits transformés (mais c'est la consommation d'énergie qui grimpe), éviter le jetable (là, c'est la comsommation d'eau qui augmente)
Quelques nouvelles actions anti-déchets cette année :
- Sortir un torchon propre pour essuyer les légumes. L'essuie-tout ne sert plus que pour le chou-rouge, la betterave ou le poisson. J'ai du mal à faire passer le message, mais comme c'est moi qui cuisine le plus souvent, je pense que j'en achète trois fois moins qu'avant.
- Remplacer le plastique par d'autres solutions : j'ai acheté un lot de boîtes en verre afin de réchauffer au micro-ondes sans risque. Les boîtes en plastique, parfaitement étanches et légères, ne servent que pour les déplacements.
- Lorsque nous avons des invités, je sors mes serviettes de table en tissu plutôt que d'acheter des serveittes en papier… et tout le monde apprécie.
- Les Bee-wraps pour réduire le film plastique : il ne sert plus que pour congeler du poisson ou de la viande, couvrir quelques aliments particulièrement salissants.
Comment fabriquer ses bee-wraps
J'avais vu des tutoriels au four, mais ma nièce m'a parlé du fer à repasser et ça me semble 10 fois plus facile, ça ne prend que quelqes minutes, pas besoin de se lancer dans une production à la chaîne. Pour être encore plus « zéro déchet », je coupe les carrés (différentes tailles) dans des chemises usées (sauf pour le pas-à-pas ci-dessous où j'ai terminé un coupon de tissu bleu de mon Dear Jane).
Il vous faut : des carrés de cotonnades, bien lavés au savon de Marseille (pas de lessive parfumée ni d'assouplissant !) et rincés dans une eau légèrement vinaigrée, secs bien sûr. De la cire en pastilles (en magasins bio) : je compte environ 30 grammes par bee-wrap, vous pourrez en offrir autour de vous. Du papier sulfurisé (2 ou 3 feuilles)
Pour éviter les fuites, protégez votre table à repasser avec un chiffon. Posez une première feuille de papier sulfurisé et écrivez dans un coin "côté cire" (croyez-moi, le jour où je me suis trompée de face, mon fer s'en souvient). Étalez votre carré de tissu, bien repassé. Pas besoin d'ourlet, la cire empêchera l'effilochage.
Sur le tissu, répartissez des granulés de cire (une cuillérée à soupe, pour commencer), le plus régulièrement possible.
Posez la deuxième feuille de papier sulfurisé (voire deux si vous craignez de salir votre fer), puis appliquez le fer chaud en appuyant pour faire fondre la cire et la répartir sur la surface.
On voit les endroits bien "gras" et ceux qui restent secs.
Décollez le papier, posez-le, côté "propre" en dessous sur un chiffon et remettez des granulés de cire aux endroits qui n'ont pas été imprégnés. Replacez le papier, chauffez.
Là, l'imprégnation est bien uniforme.
Ci-dessous : mon rectangle de tissu était trop grand, je l'ai traité en deux fois. On voit bien la moitié cirée.
Lorsque tout le tissu est bien imprégné, décollez le papier, soulevez votre morceau de tissu en le prenant par les coins et secouez-le doucement pour qu'il refroisisse. Il devient rigide. Lorsqu'il est froid, vous pouvez le plier pour le ranger. Posez vos feuilles de papier sulfurisé "cire contre cire" pour les rouler et les ranger pour une prochaine fois.
Il suffit d'appuyer brièvement les mains (pas glacées, évidemment) sur la toile cirée pour qu'elle prenne la forme désirée.
Je les lave à l’eau froide, en frottant avec une éponge ou une brosse si nécessaire. Quand le bee wrap commence à ne plus être imperméable (la cire casse dans les plis), je le mets de côté, puis je fais une « lessive » à l’eau froide et savon de Marseille quand j’en ai plusieurs, je rince bien, je les sèche et je les repasse entre mes feuilles de papier sulfurisé, en rajoutant quelques pastilles de cire si besoin (j'ai fait cela deux fois en 10 mois, donc ça résiste quand même bien). Une fois, j’ai dû en laver un à l’eau chaude (il était vraiment sale) et après séchage, il était encore couvert de petites bouloches de cire que j’ai pu faire refondre.