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29 novembre 2022

Le tour du monde en 80 livres #10


C'est un petit challenge lecture créé par Bidib. En novembre, j'ai lu 7 livres, exploré 6 nouveaux pays.

Un roman m'a été conseillé en commentaire de mon bilan de septembre et je l'ai adoré (merci Laurence !), alors n'hésitez pas à me proposer vos auteurs du monde entier.

le-tour-du-monede-en-80-livres-1-201x300 Source: Externe

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Portugal
Gonçalo M. Tavares, Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père.

Un jour, Hanna, jeune fille trisomique, croise la route de Marius. Il semble fuir quelque chose, elle cherche son père, dont elle ne peut révéler le nom. Tous les deux vont se lancer dans cette quête, aller à Berlin, et rencontrer quelques personnages singuliers : un antiquaire qui, depuis trois générations, tient la liste des nombres pairs, un colleur d'affiches subversives, les patrons d'un hôtel sans nom, un photographe très spécialisé ou des juifs qui sont la mémoire vivante du XXe siècle (on pense très fort à Fahrenheit 451).

« Elle sourit à Hanna. Hanna lui sourit en retour. C'était tellement facile de sympathiser avec elle, trop facile parfois » « Hanna semblait avoir un truc, sans en être consciente, pour faire apparaître des expressions bienveillantes. Presque immanquablement, les gens que l'on croisait laissaient tomber quelques chose qui, une poignée de secondes plus tôt, verrouillait leur visage et, renonçant à toute attitude défensive, souriaient, tendrement, ouvertement, soit à Hanna, soit à moi, soit à nous deux. »

Autriche
Daniel Glattauer, La septième vague.
 

C'est la suite de Quand souffle le vent du Nord. Léo est revenu de Boston et reprend ses échanges épistolaires avec Emmi. Chacun tente de (re)construire une vie amoureuse de son côté, tout en constatant que leur attirance réciproque augmente au fil du temps. Ils luttent, essayent de ne plus s'écrire, mais c'est sans succès. Et à la lecture de leurs mails, on les comprend ! 

« Chère Emmi, il faut que je t’avoue quelque chose, tu es la seule femme à qui j’écris, à qui j’écris comme cela, comme je suis, comme j’en ai envie. Tu es mon journal, mais tu ne tiens pas tranquille comme un journal. Tu n’as pas cette patience. Tu te mêles de tout, tu ripostes, tu me contredis, tu me troubles. Tu es un journal avec un visage, un corps et une stature. Tu crois que je ne te vois pas, tu crois que je ne sens pas ta présence. Erreur. Erreur. Quelle erreur. Quand je t’écris, je t’attire tout près de moi. Cela a toujours été ainsi. (...) Heureusement, personne n'a pris mon poul, depuis... » 

Bosnie Herzégovine
Miljenko Jergović, Volga, Volga.

La Volga, c'est une voiture de fabrication russe, c'est aussi le titre d'une chanson. Dans la Yougoslavie d'après Tito, Dželal Pljevljak nous raconte sa vie ou, du moins, ses 35 ans de carrière comme chauffeur civil dans l'armée, ainsi que l'histoire de sa voiture. Tous les vendredis, il quitte Split, sur la côte, pour rejoindre Livno, en Bosnie, et assister à la prière à la mosquée. Il ne se résoud pas à prendre sa retraite, bien qu'ayant largement dépassé l'âge. Peu à peu, on comprend qu'il essaye surtout d'oublier une partie de son passé.
« Je passe d'une tristesse à l'autre, en tentant d'oublier la première, la plus grande et la plus douloureuse, que je n'évoque pas. »

La deuxième partie du roman est une enquête menée par un journaliste sur ce qui s'est passé, le vendredi 1er janvier 1988, peu de temps avant que le pays ne bascule dans l'horreur de la guerre, un fait-divers qui avait fait la une des journaux.

Et puis, lorsque l'on pense avoir tout compris, la troisième partie arrive et vient renverser nos déductions.
Un magnifique roman sur la dignité humaine et l'amitié !

Syrie
Niroz Malek, Le promeneur d'Alep.

Le témoignage, sous forme de petits récits poétiques, d'un écrivain plongé dans la guerre. L'auteur mêle le présent et le passé dans ses descriptions, les vivants et les morts, sa vie réelle et sa vie rêvée. On sent sa volonté farouche de maintenir un semblant de normalité, de garder ses habitudes "d'avant", de voir ses amis, dans cette vie rythmée par les bombardements, les barrages, les coupures d'électricité, les enfants fauchés pour être sortis acheter du pain de l'autre côté de la rue.

« Je sais que mes lettres ne te parviennent pas. Pourtant, chaque soir, je t'en écris une nouvelle dans laquelle je te dis à quel point je me languis de toi. Le lendemain, je le dépose comme un gage précieux dans la main du facteur. Il la prend avec respect et ferveur en ajoutant : « Prie pour moi afin que, lorsque j'arriverai au passage, le franc-tireur dorme encore après une longue nuit passée à faire le compte de ses victimes abattues. » Puis il sourit et répère : « Prie pour moi. » Je le vois s'éloigner à bicyclette sur cette route devant moi, et disparaître au loin dans le ciel. »
« Non, ces événements ne peuvent suvenir qu'en temps de guerre ! Un balcon effondré de la façade de l'immeuble, une tente funéraire du côté ouest de l'immeuble, et un mariage restreint aux proches, et deux mariés qui célèbrent leur mariage sans chants, un mariage se déroulant sans danse et sans joie. Cet immeuble, avec ses trois façades, donne sur celui où j'habite. »

Et malgré tout, ce recueil est plein de paix et d'espoir !

Mali
Aya Cissoko, N'ba.

Cette biographie est l'hommage rendu par Aya Cissoko à sa mère, qui vient de mourir. Elle a passé sa vie à élever au mieux ses enfants, aider tous les membres de sa famille élargie, malgré leur ingratitude, et essayer de faire perdurer les traditions de son pays, alors qu'elle est arrivée en France juste après son mariage. Une femme qui ne s'est jamais découragée, malgré les drames qui ont jalonné sa vie : la mort de son mari et de sa plus jeune fille dans un incendie, puis celle de son plus jeune fils un peu plus tard. Un autre mari qui a détourné toutes ses économies, ruinant son projet de se faire construire une maison dans son village natal.

Aya s'oppose à cette mère, qu'elle admire et aime pourtant, pour vivre sa vie, faire des choix qui ne lui sont pas dictés par la tradition et le clan, mais parfois, elle met de côté ses sentiments pour la protéger, comme lorsque sa mère, accablée par la mort de ses deux enfants, se souvient d'une superstition selon laquelle une fille "subaga muso" (sorcière) peut "manger" les enfants nés après elle :

« Me voilà coupable d'être mal née, je précède les deux derniers de la fratrie : tous morts. Je répands le malheur autour de moi sans le savoir. Ma présence auprès des miens serait néfaste. Les jours et les mois suivants, je suis prise de crises d'asthme au milieu de la nuit. Ma ère m'emmène aux urgences. Elle n'en peut plus de tout ça. L'éventualité de perdre un autre enfant lui est insupportable.
— Eh, qu'est-ce qu'il y a ?
— Je sais pas, j'arrive pas à respirer.
— Il faut arrêter ça tout d esuite. Je peux pas suporter. 
Les crises disparaissent presque aussitôt qu'elles sont apparues. »

Ou quand elle se glisse dans le lit de sa mère chaque soir : « C'est ainsi que je m'oppose à elle le jour et que je veille sur elle la nuit. Ma mère est forte, le jour, dans l'adversité. »

Aya, une dernière fois, va devoir choisir entre ses désirs et la tradition, qui veut l'exclure des rites funéraires. Comme sa mère, elle s'oppose au clan et trouve une place, entre deux cultures, entre deux pays, une place à elle.

Guinée
Camara Laye, L'enfant noir. 

Comme le précédent c'est une autobiographie : l'auteur (âgé de 25 ans à cette époque) raconte son enfance dans une petite ville de Haute-Guinée, de ses plus lointains souvenirs (vers 5 ans) à son départ pour poursuivre ses études en France.  Son père forgeron (et le petit serpent noir qui l'avertit des événements du jour à venir), sa mère, si respectée par tous (et son inviulnérabilité face aux crocodiles du Niger), ses visites à sa grand-mère et les travaux des champs auxquels il participe, la grande cérémonie de la circoncision qui a marqué son passage dans le monde des adultes, ses études dans la capitale, le déchirement de la séparation. C'est le récit d'un enfant qui grandit, devient adolescent puis jeune adulte et quitte le monde confortable de l'enfance, mais aussi celui d'un jeune homme qui quitte sa région natale, puis son pays. C'est aussi l'évolution d'un jeune guinéen tiraillé entre les traditions et son aspiration à la modernité, ses doutes vis-à-vis des légendes et des croyances des anciens, partagé entre le désir de son père de le voir faire les études auxquelles il avait dû renoncer, et celui de sa mère, qui ne veut pas voir s'éloigner son fils aîné, tout en sachant que c'est inévitable.

Haïti
Jacques-Stephen Alexis, L'étoile absinthe.

Voilà un livre que j'ai failli abandonner dès les premières pages, tant la lecture en était ardue : il a été pulié à titre posthume et le manuscrit comporte des lacunes, ce qui rend le début incompréhensible. Ceci ajouté à la complexité du style et à ma fatigue du moment… je l'ai mis de côté. Et puis j'ai pris le train pour Paris, je n'avais plus que de gros pavés à lire et ce tout petit livre de poche, que j'ai glissé dans mon sac. 30 minutes plus tard, j'étais accrochée à l'histoire de Nina-Églantine, qui se lance dans une vie nouvelle après des années de prostitution, à sa ténacité pour reprendre le dessus.

I faut lire lentement, pour bien profiter de chaque mot, comme cette description du chat de la pension :

« Boule ondoyante, velours miraculeux, vivante sinusoïde à fourche, le matou cossu se roule dans sa pelisse noire bleutée, les soies brillantes, les moustaches dressées, un sourire équivoque aux babines ; il fait fulgurer le vif-argent de ses yeux verdelets et coule l'eau froide de son regard dans la fente d'une paupière indolente. »

Églantine se lance, avec la femme qu'elle vient de rencontrer, dans une opération commerciale qui promet de fabuleux bénéfices, mais n'est pas sans danger : le voilier qu'elles affrêtent, et sur lequel elles d'embarquent, le Dieu-Premier, va affronter une terrible tempête, digne de celle de Typhon de Conrad.

« En effet le saillant d'ombre et d'aube qui tout à l'heure s'était formé au septentrion a vu son angle terminal s'av-braser peu à peu, se délayer en un magma confus. Le rideau de nuées accomplit un mouvement tournant vers l'est où l'astre blafard combat désespérément l'ombre envahissante qui sans arrêt plaque de teintes sombres l'éclatant drap d'aurore. Tous les soleils nocturnes se sont éteints. Dans la suie funèbre des cumulus qui s'épprochent, chevaux d'Apocalypse, dont on commence à deviner le hennissement, tout le rouge matinal se noie et meurt ; seule la boule solaire flamboie dans la nuit revenue. Le crépuscule du matin s'est mué en un rabat-jour angoissant. »

Je ne vous raconterai pas la fin : le manuscrit est resté inachevé.

 

Portugal Volga enfant

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Afrique

Algérie :
Kamel Daoud, La préface du nègre : le Minotaure 504 et autres nouvelles

Burkina Faso :
Roukiata Ouédraogo, Du miel sous les galettes.

Ghana :
Yaa Gyasi, No home.

Maroc : 
Mohamed Leftah, L'enfant de marbre

Nigeria : 
Chigozie Obioma, Les pêcheurs

Rwanda :
Gaël Faye, Petit pays.
Scholastique Mukasonga, L'iguifou, nouvelles rwandaises. 
Beata Umubyeyi Mairesse, Tous tes enfants dispersés.  

Sénégal:
Birago Diop, Les contes d'Amadou Koumba
Fatou Diome, Celles qui attendent

Togo : 
Kossi Ejoui, L'ombre des choses à venir.

 

Amérique

Argentine
Gabriela Cabezón Cámara, Pleines de grâce

Brésil :
Paulo Coelho, L'Alchimiste.

Canada :
Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (prix Goncourt 2019).
Nancy Huston, Le club des miracles relatifs.

Chili : 
Luis Sepúlveda, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler et Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis.

Colombie :  
Gabriel Garciá Márquez, La Mala Hora.

États-unis :  
Jack London, Martin Eden
Harper Lee, Va et poste une sentinelle.

Mexique :
Laura Esquivel, Chocolat amer. 
Carlos Fuentes, Une certaine parenté

Pérou :
Mario Vargas Llosa,  La Tante Julia et le scribouillard.

 

Asie

Afghanistan
Spôjmaï Zariâb, La plaine de Caïn.

Cambodge :
Tian, L'année du lièvre (BD) : 1. Au revoir Phnom Penh. 2. Ne vous inquiétez pas. 3. Un nouveau départ.

Chine :
Qiu Xiaolong, La danseuse de Mao.

Inde :
Rohinton Mistry, L'équilibre du monde.

Iran :
Fariba Vafi, Un secret de rue

Israël
Amos Oz, Vie et mort en quatre rimes

Japon :
Haruki Murakami, Le passage de la nuit. 
Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo.

Sri Lanka :
Antonythasan Jesuthasan, Friday et friday.

Thaïlande
Rattawut Lapcharoensap, Café Lovely.

Vietnam :
Kim Thúy, Man. 

 

 

 

Europe

Albanie
Ornela Vorpsi, Buvez du cacao Van Houten !  

Allemagne :
Eduard von Keyserling, Altesses.
Marlen Haushoffer, Le mur invisible.


Autriche
Daniel Glattauer, Quand souffle le vent du nord. 

 

Belgique :
Amélie Nothomb, Antéchrista.
Michel Van Zeveren, Le plat du loup plat.
Nadine Monfils, Les folles enquêtes de Magritte et Georgette. 1. Nom d'une pipe !

Danemark
Jens Christian Grøndahl, Quelle n'est pas ma joie

Espagne :
Carlos Ruiz Zafón, Marina

Estonie
Andrus Kivirähk, Les secrets. 

Finlande
Sofi Oksanen, Baby Jane.
Arto Paasilinna, La douce empoisonneuse.

France :
Maurice Leblanc, Arsène Lupin
Riad Satouff, Le jeune acteur
Loïc Clément, d'après Marie-Aude Murail, illustrations Anne Montel, Miss Charity t. 1, L'enfance de l'art
Romain Gary (Émile Ajar), La vie devant soi et Les racines du ciel)
Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts. Petit traité de consolation. 

Hongrie :
Magda Szabó, La porte et Abigaël.

Irlande
Maggie O'Farell, Assez de bleu dans le ciel

Islande :
Audur Ava Olafsdottir, Miss Islande

Italie :
Alessandro Baricco, Novecento : pianiste. Un monologue.

Norvège
Gunnar Staalesen, Le loup dans la bergerie

Pays-Bas
Toine Heijmans, En mer

Portugal
Gonçalo M. Tavares, Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père.

Gonçalo M. Tavares, Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père.

République Tchèque :
Kafka, Le procès et La métamorphose

Royaume-uni :
Edward Morgan Forster, Avec vue sur l'Arno
Mhairi McFarlane, Et ne t'avise pas de m'embrasser.

Russie
Léon Tolstoï, La sonate à Kreutzer. Le bonheur conjugal. Le diable.

Suède :

Camilla Läckberg, Femmes sans merci. 
Katarina Mazetti, Le mec de la tombe d'à côté

Jonas Jonasson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire.
Vilhelm Moberg, La saga des émigrants (7 tomes)
Stieg Larsson puis David Lagercrantz, Millenium (6 tomes) 

Suisse :
Joël Dicker, L’Affaire Alaska Sanders. 

Ukraine :
Andreï Kourkov, Le jardinier d'Otchakov.

 

Océanie

Australie :
Joan Lindsay, Pique-nique à Hanging Rock

Nouvelle Zélande :
Eleanor Catton, La répétition.

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Commentaires
C
Je suis toujours ébahie par la diversité de tes lectures !
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L
Ravie que la suite vous ait plu!<br /> <br /> Ce mois-ci je renouvelle simplement mon conseil pour le livre du Venezuela indiqué en commentaire sur le post d´octobre.<br /> <br /> Et merci pour toute cette liste qui va m´inspirer, je vais eyyayer moi aussi de faire un tour du mon livresque l´an prochain!
Répondre
M
Formidable Agnès ! Quelle persévérance à faire le tour du monde :) Je vais en profiter et imprimer cette liste. Tes commentaires sont des modèles : inciter sans trop en dire… je peux montrer ta liste à mon « club livres ? » (nous sommes une vingtaine). De toute façon, j’en profite pour moi, encore merci !
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