18 ans que nous sommes dans cette maison et il y a des détails qui m'agacent, comme les interrupteurs montés à l'envers (on aurait pu y remédier facilement…), ou ce faux tiroir du haut, dans la salle de bains. Il y a quelques semaines, alors que je démontais les tiroirs inférieurs pour les nettoyer (c'est rare, mais ça arrive), j'ai passé la tête et vu que cette façade ne cachait rien du tout, pas même la fixation du plan de toilette ! Pourquoi alors ce tiroir factice ? (j'ai un début de réponse : Le plan de toilette déborde largement du meuble et comme nous n'avons pas trouvé de glissière à ouverture totale dans cette dimension, un bon tiers du tiroir est sous le plan)
Une idée fixe m'est alors entrée dans la tête : fabriquer un tiroir à partir de la façade, avec des chutes (nous en avons plein), il n'y a qu'à acheter deux glissières. C'est Guillaume qui s'y est collé, un dimanche, et ça n'a pas été une partie de plaisir, tant pour la découpe du bois (et il lui a fallu recouper car une erreur de deux millimètres empêchait le tiroir de glisser) que pour la pose, la visseuse (et le niveau à bulles, et les tournevis) ne passant pas entre les deux montants du meuble. Mais finalement, j'ai mon tiroir, et s'il ne coulisse pas très bien, il m'est très utile pour ranger un tas de petit bazar qui traînait autour du lavabo.
Un peu échaudée par cette expérience, j'ai tardé à me lancer dans mon deuxième projet :
Le grand placard de la chambre d'amis, juste en face de la cuisine, nous sert à entreposer les réserves de nourriture qui craignent l'humidité (pas dans le garage, donc) : farines, nouilles et autres ingrédients asiatiques, pâtes et riz, produits achetés en vrac en trop grande quantité (je ne vise pas toujours juste). Les étagères sont espacées et profondes, il faut vider la moitié du contenu pour trouver un sachet et il m'arrive de racheter un produit parce que je ne l'ai pas trouvé, c'est ainsi que je me suis retrouvée avec 1 kg de graines de pavot ou trois sachets de champignons noirs entamés, entre autres.
J'ai d'abord cherché un tiroir pour meuble de cuisine ou dressing, mais les dimensions de ce grand placard-penderie ne sont pas standard : 50 cm de profondeur (au lieu de 60) et 58 cm de largeur d'étagère. Il fallait donc du sur-mesure. Au Havre, j'ai récupéré un tiroir (avec ses glissières) qui avait été ajouté dans la cuisine de l'ancienne maison. En ajoutant plusieurs tasseaux d'épaisseurs différentes, j'ai pu mesurer avec précision la largeur entre les glissières. Je me suis rendue au magasin de bricolage le plus proche et j'ai fait découper du contreplaqué de 10 mm pour le fond et les côtés.
Pour l'assemblage, j'ai utilisé de la colle à bois et des pointes fines (3 par côté). Le fond du tiroir repose sur les glissières, les côtés ont donc juste besoin d'être maintenus, mais ne sont pas soumis à une lourde charge. J'ai fait admirer "mon beau tiroir" à toute la famille, puis nous sommes partis en vacances.
Mais ce n'était qu'une première étape, pour vérifier que l'idée était réalisable. Dès notre retour, je suis retournée faire couper du contreplaqué, pour deux tiroirs cette fois. Comme les montants du placard sont simplement posés au sol et que les étagères sont posées sur de petits taquets en plastique (nos précédesseurs avaient installé leur télévision là-dessus !), qu'il y a des penderies de part et d'autre, les montants verticaux avaient tendance à s'écarter. J'ai constaté aussi que la surface obtenue n'était pas un rectangle, mais un parallélépipède. J'ai donc commencé par consolider la structure en fixant une étagère avec de petites équerres.
Je n'allais pas vider et démonter l'entièreté du placard (qui occupe tout un mur et est équipé de portes-coulissantes) pour le redresser… j'ai serré comme j'ai pu avec mes équerres et récupéré deux mililimètres. J'en ai profité pour remettre l'étagère à l'horizontale, grâce au niveau à bulles (après avoir passé un bon quart d'heure à chercher un tasseau à la bonne longueur — nous avons un gros stock de tasseaux de tailles diverses). Au fur et à mesure des opérations, le matériel sorti s'étale et se multiplie…
Une fois mon placard consolidé, j'ai fixé les deux premières glissières (avec de bonnes suées : les vis entamaient difficilement le stratifié et la position de vissage n'est pas des plus confortable), puis j'ai attaqué le montage/collage des tiroirs, puisque la pluie s'était enfin arrêtée. Et j'ai constaté que… j'avais bien demandé et payé 10 pièces de bois, mais je n'en avais que 8 dans le sac !
Retour donc au magasin de bricolage, le responsable du rayon coupe m'a sermonnée (j'aurais dû vérifier en reprenant ma commande) mais a admis ma bonne foi, il a demandé à son assistant de recouper mes deux côtés de tiroir sans me faire attendre (1h15 d'attente, à ce moment !) j'ai donné mon bon de commande où la ligne oubliée était surlignée et quelques minutes plus tard, le jeune homme m'a tendu… deux morceaux de MDF ! Tout est enfin rentré dans l'ordre, j'ai pu reprendre le montage.
Puis j'ai sorti la ponceuse, cherché dans le placard à peintures celle qui pouvait convenir, éliminé cinq pots périmés au passage. Deux couches de peinture plus tard, je peux admirer le résultat !
L'étagère sous le tiroir du bas est inutilisable, mais c'est celle qui assure la solidité de l'ensemble. Et une fois rempli :
Un tiroir pour les produits asisatiques et quelques fournitures de pâtisserie
Un autre pour les farines (et les essuie-mains, pour ne pas trop charger)
Et un pour les stocks de vrac, les apéritifs et les réserves de thé.
Ça ne coulisse pas tout seul : il aurait fallu des roulements à billes (beaucoup plus compliqués à installer car fixés sur les côtés), les têtes de vis frottent sur les galets des glissières (je ne m'explique pas qu'il soit impossible de trouver des vis à têtes fines, à part celles de 2,5 mm qui passent au travers des trous…) et le défaut d'angle droit oblige à forcer un tout petit peu, mais c'est tellement plus pratique ainsi !