C'est le thème du mois, proposé par J'habite à Waterford. À première vue, ça n'est pas facile de photographier le bruit… mais peu à peu, les idées viennent. Je vais essayer de faire un reportage sonore de ma journée.
Cui-cui-chuck-triiiii : comme chaque matin, les merles me réveillent vers 5 heures, malgré les fenêtres fermées… aucun souci en temps normal, je me rendors, mais en cette période où je me lève à 6h, c'est dur ! Et puis ils sont en train de piller le cerisier avant même que nous n'ayons goûté le premier fruit mûr.
Vroum-vroum : la voiture démarre au quart de tour, heureusement car notre trajet est très minuté. 6h47-48, nous démarrons, traversons villes, champs, villages ; 7h07-08, je dépose Marie devant le portail de son entreprise la maison des parents de son jeune patron, transformée en dépôt, 7h25-26, je suis de retour à la maison, prête à entamer ma journée.
Braaammm, Braaammm : les jardiniers sont à l'œuvre, débrouissailleuse, taille-haies, souffleur. C'est bien, ils ont leurs casques anti-bruit sur les oreilles. Je pense à Marie, qui fait le même travail quelque part dans les environs (ou pas : hier, ils ont fini par un hôtel à Paris, le temps de rentrer au dépôt puis de prendre ses deux bus, elle est arrivée à 19h, longue journée !)
Pin-pon, Pin-pon : il est des bruits qui serrent le cœur. Qui a fait appel à cette ambulance ?
Pour quel accident, quel malaise, quel drame ?
Tut, tut, tut : c'est le lecteur de codes-barres. Je me souviens d'une époque où les étiquettes de prix étaient collées sur les articles et les caisses-enregistreuses bien bruyantes (c'est encore le cas chez nos petits épiciers exotiques). Je re-remplis mon énorme caddie (mais comment pouvons-nous autant manger en une semaine ?), le vide dans le coffre, transporte le tout dans la maison, range…
Wouh, wouh : le vent du nord-est ne faiblit pas depuis quelques jours, il siffle par les fenêtres entrouvertes, nous glace, nous apporte le bruit de l'autoroute, la charpente craque, les feuilles des arbres frémissent.
Bi-bi-bi-bip, bi-bi-bi-bip : les pâtes sont cuites, je vais pousser mon cri de guerre « Qui met la table ? » - la réponse est invariable « C'est Paul » dit Aurore, « C'est Aurore » , dit Paul ; Marie ne dit rien, elle est au boulot…
Plouf, plouf, plouf : le ronronnement du lave-vaisselle me donne le sentiment du devoir accompli : j'ai rempli les ventres affamés, la cuisine est rangée, je vais pouvoir prendre un café tranquillement avant d'accueillr Élise pour notre séance de couture hebdomadaire.
Ta-ca-ta-ca-ta-ca-tac : voilà huit fois en dix jours que Paul me demande si j'ai bientôt fini, je crois qu'il faut que j'arrive au bout de cette couture ! Je m'attendais au pire avec le simili-cuir, mais contre toute attente, c'est d'une facilité déconcertante à coudre, le pied n'accroche pas, le tissu est souple mais ne se déforme pas, l'aiguille le perfore sans bruit (rien à voir avec celui, tout fin, acheté pour le projet d'Élise, que je lui ai fait coudre entièrement à la main, elle qui ne savait pas enfiler une aiguille lorsqu'elle est venue me trouver…)
Clap, clap, clap : la journée est presque terminée. J'ai récupéré Marie sur le trajet du bus, afin qu'elle se douche et se change avant l'audition de violoncelle, où elle a pu enfin jouer son morceau d'examen avec son accompagnatrice. Ce n'est pas de la musique impérissable… mais elles s'en sont bien tirées.
Encore une réunion pour trois d'entre nous, Aurore à récupérer au solfège à 21h, il me faudrait un don d'ubiquité parfois !
(et j'espère que je vais rester sourde aux trilles du merle, cette fois-ci, ou que la chouette qui s'est installée dans le nichoir aménagé par la LPO dans un parc tout proche ne hululera pas juste à coté de la maison, il arrive qu'elle me réveille parfois, mais c'est magique…)