Belle qui tiens ma vie*
Il y a 3 semaines, le chef de notre ensemble folk-tradi nous a parlé de costumes pour le bal médiéval-renaissance du 15 octobre (et d'autres à venir), en précisant que chacun devait acheter son costume et qu'il fallait se décider rapidement. Mais les photos envoyées le lendemain m'ont fait réagir : la description (approximativement traduite du chinois) était « Robe médiévale à manches longues vintage Victoria Halloween renaissance ». J'ai immédiatement répondu que les grandes manches pendantes étaient incompatibles avec le violon (surtout avec un micro accroché au bord de l'instrument), que je ne pouvais pas porter de polyester à même la peau, que l'expédition se faisait de Chine, donc grosse incertitude sur le délai de réception ainsi que les conditions de fabrication que l'on connaît, surtout vu le prix dérisoire… les autres femmes de l'ensemble m'ont soutenue, tant sur le polyester et les manches que sur l'aspect "déguisement d'époque incertaine" et "trop aristocratique pour des musiciennes". Pour les hommes, il proposait un tabart tout simple, en coton, bicolore, d'une boutique en ligne espagnole, rien à dire, donc, si ce n'est un maigre choix de coloris et le délai de "plus de deux semaines" sans compter un éventuel blocage à Roissy.
J'ai alors proposé une solution alternative : coudre moi-même les fameux tabarts, ainsi que des surcots tout simples qui seraient portés sur une robe longue, ou un ensemble blouse-jupe, quitte à ce que chacune se couse une jupe à taille élastique. Quelques musiciens se sont proposés pour aider, j'ai envoyé des liens vers les cotons basiques disponibles dans le magasin le plus proche. S'en est suivi, comme toujours dans ce groupe, une longue liste de mails discutant des couleurs, de la possibilité de louer des costumes (60 euros le costume pour une journée !), des fournitures restant du précédent spectacle, des tenues déjà cousues dans le passé, des préférences des uns ou des autres.
Une horreur, ces projecteurs bleus, en plus on les avait dans les yeux
J'ai cousu une toile dans un vieux drap, que les musiciennes ont essayée début octobre. L'une d'entre elles avait une merveille dans son stock de tissus : 5 mètres de panne de velours mordorée. Comme les hommes sont habillés dans différentes couleurs, le chef a préféré varier également pour les femmes et nous avons acheté du fuschia (pas sur la photo) et du prune. La découpe a été un peu laborieuse, mais la couture fort rapide : deux coutures aux épaules et c'est tout, puisque ce tissu ne s'effiloche pas. On verra à l'usage, s'il roule trop, il faudra faire un faux ourlet avec du coton. J'ai tout de même fait une piqûre de soutien pour éviter que l'encolure ne se détende trop et, pour les roses, j'ai piqué un zig-zag près du bord car je voyais déjà des signes d'effilochage dû à la moindre qualité du velours.
J'ai dû faire un saut (de 3 heures…) chez Fil 2000 pour trouver du ruban de velours assorti, même pour le fuschia Mondial Tissus n'avait rien.
Et notre accordéoniste a confectionné quelques couronnes de toute beauté. J'ai réalisé la mienne : un boudin de panne de velours rembourré, quelques chutes de ma jupe, un peu de galon restant, je crois, d'un déguisement de mousquetaire, quelques perles pour fixer les rubans et un voile d'organza, que de la récupération !
le ruban doré ne reste pas en place, je vais devoir le fixer par quelques points
Verdict après la première soirée : nous avons eu un franc succès.
*Pavane éditée dans l'Orchesographie de Thoinot Arbeau